Anarchisme prolétarien et communisme anti-autoritaire

Comité de rédaction

Première ligne est une revue issue de l’initiative de camarades marxistes et anarchistes de Tio’tia:ke (Montréal). Nous faisons le constat que notre milieu est actuellement dans une impasse dont il peine à s’extirper. L’absence de réflexions claires sur nos perspectives révolutionnaires nous empêche de déterminer la marche à suivre et les insuffisances théoriques du mouvement ne permettent pas de proposer des pistes d’interventions satisfaisantes.

Le milieu révolutionnaire est incapable de dépasser une analyse contre-culturelle de la composition de classe québécoise et canadienne. Certaines personnes en viennent même à remettre en cause l’existence de la lutte de classe et y préfèrent des positions floues et individualistes. D’autres encore se lancent dans des campagnes sans fin, sans réelles visées stratégiques. Ces dernières ne menant généralement qu’à des succès partiels qui drainent nos énergies militantes.

Nous, anarchistes de Première ligne, pensons qu’il est temps d’arrêter de se satisfaire d’un radicalisme de façade. Nous devons proposer des façons d’intervenir dans la guerre de classes. Il est nécessaire de s’intégrer de façon volontariste dans le prolétariat et ses luttes pour revigorer notre mouvement. Un mouvement comme le nôtre qui n’est pas intrinsèquement lié aux classes populaires n’est ni réellement anarchiste, ni réellement révolutionnaire.

Nous, marxistes de Première ligne, pensons que les formes d’organisations politiques héritées de l’histoire du mouvement ouvrier sont à repenser à la lumière des erreurs historiques des révolutions du XXᵉ siècle. L’aveuglement sur le rôle de l’État a produit des catastrophes ayant participé au déclin des perspectives révolutionnaires communistes à l’échelle internationale. Il s’agit de repenser un mouvement communiste révolutionnaire anti-autoritaire.

La scission entre courants marxistes et anarchistes est le produit de querelles historiques qui ont été amplement analysées et qui ne sont pas prioritaires dans la lutte aujourd’hui. Débattre à savoir si Bakounine ou Marx avait raison en 1872 peut être intéressant lors de discussions s’y prêtant, mais dans l’immédiat, nous considérons qu’il est indispensable de faire valoir un anarchisme qui réfléchit les questions du travail, qui se positionne sur les luttes syndicales et qui considère les analyses de l’économie actuelle comme essentielles au projet révolutionnaire. Dans cette optique, le marxisme apparaît comme un outil dont on se priverait à grande perte. Nous considérons que les points de désaccord entre nous ne reposent pas sur l’appartenance bancale à une dénomination plutôt qu’à une autre. Nous pensons qu’il est plus intéressant de savoir ce que pensent nos camarades de la place de l’État ou de l’autonomie prolétarienne pour savoir si nous pouvons nous organiser avec elleux. De fait, nous nous attendons à trouver des allié·e·s et des adversaires au sein de ces deux traditions.

Par notre travail et notre activité militante, nous souhaitons faire exister publiquement une position politique absente du paysage montréalais : une revue révolutionnaire internationaliste de lutte de classes, qui s’oppose à l’État, aux systèmes et aux actes d’oppression.