Faut-il être rad pour être sexy ou sexy pour être rad?
Nikita Elior
Cet automne, l’Achoppe organisait un party dont la thématique était Rad & Sexy. En discutant avec d’autres camarades, on est tombé·e·s d’accord sur un constat : est-ce qu’il faut être sexy pour être Rad? Ou est-ce que le fait d’être radical·e nous rendrait sexy? Plusieurs émettent un malaise face à cette performativité. Ce malaise prend plusieurs formes différentes. Ce texte n’a pas comme objectif de dévaloriser les personnes qui appliquent des méthodes variées afin de se faire reconnaître comme révolutionnaires, mais bien de comprendre pourquoi est-ce qu’on a recours à une forme de fétichisation de la sexualité “woke”. Voici des thématiques que je voudrais commencer à mettre de l’avant comme pistes de réflexions : l’importance de la séduction dans les relations comme moyen d’acceptation, la fétichisation du fait d’appartenir à une contre-culture et la romantisation de l’acte révolutionnaire.
Je crois qu’une des erreurs des études féministes provient de l’absence d’espace qui permet le dépassement théorique – mis à part certains zines que j’ai apprécié et le peu de textes de mon parcours académique.
***
Je n’ai pas envie de répondre à ce questionnement à l’aide de ce texte. Je crois que le temps ne me permettrait pas d’écrire une réponse satisfaisante.
Les lumières se mélangent entre l’éclairage bleu et l’éclairage mauve. Dans mon veston noir, je ressens les marques de transpiration s’imprégner. On peut apercevoir brièvement une partie de ma poitrine. Au rythme de la musique, je lâche prise, j’ai consommé. Je le sais pas encore, mais je vais être publié un peu partout. On dit que je suis queer, est-ce que c’est la musique qui me fait oublier la souffrance de ce monde ? Est-ce que ma famille va me voir danser ? Désillusionnée d’un enfant qui n’a pris ni cours de ballet ni cours de soccer. Est-ce qu’ils savent que je fais de la drogue dans la vidéo ? Malgré la sensation agréable de la déconnexion que peut permettre le party, ça nous revient. Quand nous sortons du spectacle le lendemain, nous allons en direction de cette quête aller à plus de partys pour être plus regardé.e.s et avoir l’impression de faire partie de quelque chose. (…)
La boucane de ma douche vitrée d’un appartement dans le nord de la ville, non malheureusement : ce n’est pas un appartement dans hochelag. La lourdeur de mon corps ne tient que par cette sensation agréable. Alors, pourquoi hochelaga c’est un thing?. Le reste de savon tombe de mon corps frêle et magané. Le bleach de mes cheveux me permet de ne pas les laver.
Le soleil frétille ma peau on est dehors on est en rencontre. Je suis habillé avec du linge collant, mais trop. La fatigue n’est pas au rendez-vous. Mon grand sourire cache des choses que j’ai mangées, mais pas assez. Mais assez pour être joli, ce sourire qui cache aussi bien que je bois assez pour pas en mourir. La rencontre se passe comme dans un mirage, je m’évade vers d’autres horizons. J’ai envie que la rencontre cesse pourquoi on se rencontre déjà. Trois longues minutes découlent d’une éternité, je prends une tâche. Est-ce que je suis au courant qu’on m’observe. Que personne va nommer cette sensation d’isolement que l’on vit dans une tâche quand personne veut vraiment que tu la fasses?
Black out… je me sens tout d’un coup à l’aise, les foules bougent autour de moi. Mais pourquoi est-ce qu’on court…
Black out… un enfant de moins de 6 ans me regarde on est dans l’entrée de son immeuble, ces parents nous réconfortent. Le Maalox coule sur mes yeux. Les paroles de mes ami.es me réconfortent. Tout ça pour ça…
Black out… je suis dans un bar, le bourdonnement des critiques envahit la pièce. Est-ce qu’on va vraiment l’adresser en public. Notre peur de l’émeute qui se cache sous la diversité des tactiques. La répétition de ce qui semble ne pas fonctionner.
Est-ce qu’on est vraiment anarchiste ou communiste?
Est-ce que les anarchistes ont peur de l’émeute? Est-ce que nous avons vraiment peur du parti? Dans la tyrannie de la non-structure où se forgent nos milieux. Notre parti c’est la fête, c’est notre gang, c’est notre structure à moitié ouverte (pour nous permettre de vieillir dans le milieu). Notre fameuse stratégie, je sais pas vraiment faire mieux mais c’est moi qui décide.
Le côté chaotique de l’émeute, son côté du bousculement de l’ordre établi est-ce que c’est de ça qu’on a peur?
ATTENTION! L’année prochaine ça va être la même chose.
Ce texte ne veut pas dire grand-chose, il n’est pas théorique, il est confus. Il exprime un début de dialogue envers un milieu qui ne s’arrête pas et qui va nulle part.
***
La sueur dans mon manteau transparaît
Je cache très bien mon malaise envers la sexualité.
Ce malaise qu’on cache collectivement.
La température que je ne ressens point.
Non, pour être honnête, j’ai ri tout le long.
De nos expériences queer formatées.
Il faudrait sûrement pas choquer.
Jouer au token queer est sûrement
la chose la plus normative,
On le sait toustes que tu n’aimes pas perdre le contrôle.
On est queer quand ça t’arrange.
Mais la folie que tu ressens quand tu perds le contrôle de mon vortex.
Tu contrôles tout le fragment de ma vie.
Moi je suis un monstre en quête de liberté.
Je cherche ni place à tes côtés dans ton trône falsifié.
T’aimerais tout savoir sur ma sexualité.
Mais en public tu me traites de mal amanché.
T’utilises des diagnostics pour parler de ce que t’es pas capable de dompter.
On m’explique comment je devrais aimer.
D’un amour théorique qui fait que nous renfermer.
Mon cœur est un pique de glace
Mon existence est fondée sur la peur de périmer.
Une compétition faite pour autrui.
D’une sexualité rose plastique.
L’amour est ma seule façon
d’exprimer la haine que j’ai envers ce monde.